Page:Banville - Camées parisiens, s3, 1873.djvu/17

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plus irrésistibles ! Le sourcil est pur, allongé, d’un grand arc adouci, et couvre une paupière orientale, chaude, vivement colorée ; l’œil long, noir, profond, d’une flamme sans égale, caressant et impérieux, embrasse, interroge et réfléchit tout ce qui l’entoure ; le nez gracieux, ironique, dont les plans s’accusent bien, et dont le bout arrondi et projeté en avant, fait tout de suite songer à la phrase célèbre du poète : Mon âme voltige sur les parfums, comme l’âme des autres hommes voltige sur la musique ! la bouche est arquée et affinée déjà par l’esprit, mais à ce moment-là pourprée encore et d’une belle chair qui fait songer à la splendeur des fruits ; le menton est arrondi, mais d’un relief hautain, puissant comme celui de Balzac. Tout ce visage est d’une pâleur chaude, brune, sous laquelle apparaissent les tons roses d’un sang riche et beau ; une barbe enfantine, rare, idéale de jeune dieu, le décore ; le front haut, large, magnifiquement dessiné, s’orne d’une noire, épaisse et charmante chevelure qui, naturellement ondulée et