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AIMER PARIS


Artiste, désormais tu veux peindre la Vie
Moderne, frémissante, avide, inassouvie,
Belle de douleur calme et de sévérité ;
Car ton esprit sincère a soif de vérité.
Vois, comme une forêt d’arbres, la ville immense
Murmure sous l’orage et le vent en démence ;
Ses entassements noirs de toits et de maisons
Ont le charme effrayant des larges frondaisons.
Aime ses bruits, ses voix, ses rires, son tumulte,
Ses monuments qu’en vain le Temps railleur insulte,
Ses marchés, ses jardins ; aime ses pauvres cieux
Toujours mornes, d’un gris terne et délicieux.
Surtout, n’imite pas Hamlet ; sans épigramme
Et d’un cœur chaleureux, aime l’Homme et la Femme,