Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/35

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Ô spectacle divin, sous les flots qui s’apaisent
Délicieusement, quand les bouches se baisent !
Ils s’enivrent du jour, des heures, des instants.
Ils vont ainsi, ravis et les cœurs palpitants,
Secoués de frissons, déchirés de brûlures ;
Le vent capricieux court dans leurs chevelures ;
Fronts ingénus, baignés de lumière et de jour,
Ils invoquent le roi des tendresses, l’Amour,
Et tandis que leurs yeux captifs s’emparadisent,
Tous ils disent : Amour ! Amour ! et le redisent.
Et le bois, les ruisseaux jaseurs, les antres sourds
Écoutent ces amants, et s’ils disent toujours
La même chose que la colombe et la rose
Et les nids, c’est que c’est toujours la même chose.


Jeudi, 24 mars 1887.