Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/42

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On marche dans la chair et dans les ossements,
Et de longs hurlements et des rugissements,
Épars dans l’ombre triste et sous les hideux voiles,
Montent vers le ciel noir que percent des étoiles.
Cette forêt bruyante, où gémissent les flots
Et les plaintes et les fureurs et les sanglots,
C’est toi, Cité pleurant et râlant, c’est toi, Ville,
Tout entière livrée à la matière vile
Et d’où le chaste azur s’efface et disparaît.
C’est toi, la fourmillante et sinistre forêt
Où, poursuivant leur proie avec des cris atroces,
Les hommes pantelants sont les bêtes féroces !


Samedi, 9 avril 1887.