Page:Banville - Gringoire, 1890.djvu/60

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GRINGOIRE.

Si vous vouliez… (à part.) les mots ne passent pas.

LOYSE.

Si je voulais…

GRINGOIRE.

Non, si, moi, je pouvais… je me trompe ! Enfin, mademoiselle, le roi… veut vous marier.

LOYSE.

Je le sais. Le roi me l’a déjà dit. Mais qui ordonne-t-il que j’épouse ?

GRINGOIRE.

Il vous laisse libre, mademoiselle. Vous avez toujours le droit de refuser. C’est l’homme que le roi vous propose qui serait obligé, lui, de se faire aimer de vous. Mais encore, quel est cet homme ?

GRINGOIRE.

Que vous importe ? (levant les épaules.) vous ne pouvez pas l’aimer.

LOYSE.

Que vous importe aussi ? Voyons, qu’est-il enfin ?

GRINGOIRE.

Ce qu’il est ? Oh ! Je vais vous l’expliquer tout de suite. Figurez-vous ceci. Vous êtes toute mignonne et enchanteresse ; lui, il est laid et souffreteux. Vous êtes riche et bien attornée ; il est pauvre, affamé, presque nu. Vous êtes gaie et joyeuse ; et lui, quand il n’a pas besoin de faire rire les passants, il est mélancolique. Vous voyez bien que vous proposer ce malheureux, c’est justement offrir un hibou de nuit à l’alouette des champs.

LOYSE, à part, avec un effroi naïf.

est-ce lui ? Oh ! Non ! (haut.) vous vous jouez de moi. Le roi