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des écorcheurs, la disette, la misère, le manque de commerce et de travail ne se firent pas sentir moins cruellement. Paris seul n’était pas en proie à ces fléaux, tout le royaume et la Flandre furent au commencement de cette année ravagés par la plus effroyable famine qu’on eût jamais vue ; elle augmenta encore les désordres, les pillages, les cruautés. Une femme fut brûlée à Abbeville pour avoir égorgé des petits enfans, et mis leur chair en vente après l’avoir salée[1].

Une épidémie affreuse se joignit à tant de calamités, elle fit périr une quantité immense de personnes. Dans beaucoup de villes on ne pouvait suffire à ensevelir les morts ; à Paris il mourut environ cinquante mille habitans ; des rues entières étaient désertes, les loups venaient sans nulle crainte, et en plein jour au milieu de la ville ; ils y dévorèrent parfois des enfants et des femmes[2]. La chambre des comptes promit vingt sous par tête de loup.

  1. Monstrelet.
  2. Journal de Paris. – Monstrelet. – Berri. – Abrégé chronologique.