Page:Barbanchu - La nuit les chats sont gris, Le Canard, 1877.djvu/13

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— Je ne te lirai rien. Il y a de beaux passages cependant.

— Insensé ! Je croyais qu’il n’y eut que moi sur la terre d’assez imbécile pour collaborer au Canard de ma modeste prose. Et, grand Dieu du ciel ! Je trouve un poète qui écrit pour le même journal un poème de trente-deux mille vers. C’est trop fort, prenons un coup.


XV

OÙ L’ON VOIT DE NOUVEAU LA STATUE DU COMMANDEUR.


Nous continuâmes à rigoler, à faire « tronson de chière lie, » comme dit notre grand maître Rabelais.

Nous avions oublié le poème épique et le Canard.

Nous entendîmes alors comme un gémissement montant de la rue de la Tourelle jusqu’à nous.

Nepomucène se leva, alla vers la fenêtre, en tira l’espagnolette et l’ouvrit.

— Viens voir cria-t-il.

Je me précipitai.

C’était le fantôme qui nous était apparu sur le tour de la Basilique Notre-Dame.

Il tenait encore à la main un numéro du Canard.

De nouveau il dirigea son bras droit vers nous en tenant à la main cette terrible feuille.

Et il nous dit : « Prenez garde ! prenez garde ! prenez garde à vous ! »


XVI.

CATASTROPHE.


Je me tournai vers Nepomucène.

Il était évanoui.

Mon cœur battait avec force dans ma poitrine.

Je me sentis comme entraîné dans un tourbillon.

Des flammes passèrent devant mes yeux.

J’eus une pensée horrible.

— Si j’allais me réveiller dans l’Enfer avec Nepomucène, me dis-je.

Je tentai un suprême effort.

Je regardai à la fenêtre.

Le fantôme ricanait.

Je perdis connaissance.


CONCLUSION.


C’est encore sous l’empire d’une émotion bien naturelle que j’ai raconté aux