Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/111

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sont plus résolues, leurs efforts plus ramassés et plus puissants, leur action plus rapide, leur marche plus cachée. Quelques hommes suffisaient pour enlever Des Touches, et ceux qu’on choisit à Touffedelys étaient hommes à aller le reprendre sous le tranchant de la guillotine ou à la gueule de l’enfer… Ce sont ceux-là que depuis on a appelés les Douze, et qui ont perdu dans ce nom collectif des Douze leur nom particulier, que personne ne sait à cette heure.

— Parfaitement vrai ! dit M. de Fierdrap intéressé, qui décroisa ses jambes de cerf, et refit, en sens inverse, l’X qu’elles formaient. Nous n’avons pas entendu dire un seul de leurs noms en Angleterre, n’est-ce pas, l’abbé ? et Sainte-Suzanne lui-même ne les savait pas.

— Et quand celle qui vous raconte cette histoire, au coin du feu, dans cette petite ville endormie, reprit mademoiselle de Percy, sera couchée dans sa bière, sous sa croix, dans le cimetière de Valognes, il n’y aura plus personne pour dire ces noms oubliés à personne… Ceux qui les ont portés étaient trop fiers pour se plaindre de l’injustice ou de la bêtise de la gloire.

Aimée, que vous voyez d’ici, abîmée en elle-même bien plus que dans sa broderie,