Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/137

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sur ces Trépieds de Carquebu, lesquels lui avaient si souvent parlé de leur cousine d’Avranches, avant son départ, à lui, pour l’armée, lors de la première Réquisition, que depuis qu’il avait pu revenir à Carquebu reprendre le fouet de blatier qu’avait toute sa vie fait claquer son père, il s’était promis de profiter de la première foire à Avranches pour venir saluer sa cousine et faire connaissance et amitié avec elle. Et, par ma foi ! il en dit tant, il eut l’air si sûr de ce qu’il disait, il fut si précis dans toutes les circonstances, il versa enfin à la Hocson, restée le bec cloué et aplati devant ce torrent de paroles, une telle douche de phrases sur la tête, qu’en écoutant son cousin Trépied, elle oublia l’autre, qu’elle laissa tranquille sous son chaudron, et qu’elle tomba assise sur un banc, persuadée, domptée, confondue ! Elle était si complétement hébétée qu’elle finit même par inviter ce cousin, qui lui tombait de Carquebu, à boire une chopine et à manger du cornuet de la foire, et Vinel-Royal-Aunis s’attabla. Il se crut maître de la place. Il crut qu’il tenait son Des Touches ! Mais… il se trompait.

Il continuait cependant d’aller de cette langue infatigable. Il but une chopine, puis un pot, puis un autre pot, et voyant que la Hocson buvait comme lui, aussi ferme que lui, deve-