Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/153

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late de l’incendie qui leur donnait dans les yeux, se mirent à fuir par ces fentes qu’ils agrandirent, écrasant des pieds et des cornes tout ce qui leur était obstacle. Ce fut là une autre tuerie, pire que celle des Onze, qui continuaient imperturbablement leur massacre à l’extrémité du champ de foire, et que cette intervention inattendue de l’incendie allait sauver, car ils n’en pouvaient plus… Leurs fouets claquaient toujours, mais le claquement de ces fouets était moins sonore. Il devenait de plus en plus mat, à chaque coup frappé dans cet amas de chairs sanglantes, qui faisaient boue autour d’eux et qu’ils envoyaient à la figure de leurs ennemis en éclaboussures.

— Sabre-tout, fit Saint-Germain à Campion, en l’appelant par son nom de guerre, assez sabré pour aujourd’hui !

Et, gai comme pinson, il ajouta :

— Nous étions frits sans l’incendie, mais voilà qui va nous dégager. Dans cinq minutes, ils y seront tous.

Faisons-nous dos à dos, messieurs, dit la Varesnerie, et sortons de cette place. Une fois dans les rues, nous chouannerons. Les rues d’Avranches vont valoir des buissons, cette nuit.

Et ils exécutèrent leur manœuvre de dos à dos, couverts de ces fouets et de ces bâtons