Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/27

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Venise ne seraient que du carton vulgairement badigeonné.

Comme il est des couleurs d’un tel ruissellement de lumière qu’elles éteignent toutes celles que l’on place à côté, l’amie de mesdemoiselles de Touffedelys, pavoisée comme un vaisseau barbaresque des plus éclatants chiffons, déterrés dans la garde-robe de sa grand’mère, éteignait, effaçait les physionomies les plus originales par la sienne. Et cependant, l’abbé et le baron de Fierdrap étaient, ainsi qu’on va le voir, de ces individualités exceptionnelles qui entrent violemment dans la mémoire lorsqu’on les a rencontrées, et dont l’image y est restée, comme une patte-fiche dans un mur. Il n’y a qu’au versant d’un siècle, au tournant d’un temps dans un autre, qu’on trouve de ces physionomies qui portent la trace d’une époque finie dans les mœurs d’une époque nouvelle, et forment ainsi des originalités qui ressemblent à cet airain de Corinthe, fait avec des métaux différents. Elles traversent rapidement les points d’intersection de l’histoire, et il faut se hâter de les peindre quand on les a vues, parce que, plus tard, rien ne saurait donner une idée de ces types, à jamais perdus !

Le baron de Fierdrap, placé entre les deux demoiselles de Touffedelys, et plus particulièrement à côté de la sœur de l’abbé, qui, la tête