Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

expose comme historien, mais nous, nous conclurons pour lui. Nous, nous n’avons jamais cru beaucoup aux transformations morales et libres de cette grande idiote qu’on appelle l’Asie, de cette hébétée de l’opium, du panthéisme indou et des coups de bâton ; mais en ce moment nous y croyons moins que jamais, et surtout en ce qui touche la Chine, c’est-à-dire l’expression de l’Asie dans sa concentration la plus violente et la plus dure. Indépendamment de ce qui est commun à l’une et à l’autre, de cette résistance de la race bien plus que de l’individu qu’elles opposent au Christianisme toutes les deux, — car on n’a pas déformé la tête humaine pendant des milliers d’années dans des doctrines de perdition pour qu’elle se courbe, au premier mot, sous le signe sacré du baptême, et pour que la lumière de la vérité y pénètre tout à coup dans la douceur de son premier rayon, — la Chine, de son côté, qui ne le sait ? est à la veille d’une réaction terrible et furieuse contre l’Occident. Cette petite question de l’opium qui doit planter le feu, un de ces matins, aux quatre coins de l’Asie, a dressé déjà la Chine sur ses pieds contrefaits et lui a fait porter avec terreur ses mains pointues à cette hermétique ceinture qu’elle avait trop imprudemment relâchée. Pas de doute qu’elle ne veuille la fermer ! La Chine maintenant ne peut plus être cette indifférente séculaire dont nous avons secoué quelquefois la torpeur, avec des rites et des dogmes qui n’étaient au fond que des nouveautés amusantes