Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de plus vain. Laissez-donc la Sainte-Trinité tranquille, sophistes tracassiers et peureux, puisque vous ne croyez pas à la chute ! Pourquoi invoquez-vous ce dogme plutôt que nos autres dogmes ? Pourquoi prenez-vous à partie, entre tous, ce grand mystère d’une religion qui a fait une vertu, pour l’homme orgueilleux, de la résignation au mystère et qui l’a condamné à la foi obéissante, si ce n’est pour faire preuve de la possibilité de saisir tout mystère sous une forme scientifique, et de l’exposer à ce que vous appelez le jour ?… Nous n’en sommes pas réduits heureusement à fournir des arguments aux hégéliens !


IV

M. Vera, qui est certainement, en France, le plus distingué, le plus savant et le plus net de tous, ne s’est pas inscrit en faux une seule fois contre les idées et ces tentatives de son maître. Dans son Introduction, trop courte, et dans ses belles notes, dont il a presque doublé les beaux volumes de la Logique, il rapporte tout, explique tout et consent tout, avec une docilité et une fidélité égales. Je n’ai jamais vu d’esprit si fort et moins indépendant. C’est là son originalité. Tout de même qu’on est parfois métaphysicien malgré soi, en raison d’une conformation spéciale de la tête, et tout en sachant très-bien que la métaphysique est l’agitation instinctive et réfléchie de problèmes