Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/222

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primogéniture, odieux partout, en Orient et en Occident (encore une vieille guitare connue !) Enfin, c’était la solidarité du fils et du père, ce ciment social que M. Martin s’amuse à gratter avec son petit coutelet de moraliste, et à faire tomber d’entre les pierres d’un édifice qui, sans un reste de ce ciment, depuis longtemps ne tiendrait plus.

Ah ! M. Louis-Auguste Martin est un homme de rare conséquence. Il ne se dément pas. Il est un… en plusieurs ouvrages, mais si par hasard il ne l’était pas, il l’est dans celui-ci. Une raison encore qu’il nous donne du peu d’influence de la morale chez les Chinois, ses civilisés et ses régnicoles, c’est ce qu’il appelle l’esclavage de la femme. M. Louis-Auguste Martin, comme tous les moralistes modernes, qui ont remplacé les chevaliers errants, — et qui parfois errent aussi, — veut l’émancipation de la femme, même en Occident. La femme, écrit-il, doit jouer un rôle égal à celui de l’homme dans une civilisation bien faite, « mais ce jour semble ajourné à l’époque où ne domineront plus l’audace, la valeur guerrière, incompatibles avec sa nature douce et résignée… seulement, soyons tranquilles, ce jour arrivera… » Dites-vous-le bien, messieurs les officiers de spahis !

En vain une femme, une Chinoise, la seule Chinoise bas bleu ou babouche bleue que l’on connaisse et qu’ait eue la Chine, la célèbre Pan-Hoeï-Pan, a eu une opinion contraire à celle de M. Louis-Auguste Martin et à toutes les femmes de lettres de notre Occident ambitieux. En vain a-t-elle rappelé la femme au sentiment tout-puissant de sa faiblesse et a-t-elle dit avec un grand bon sens chinois étonnant et qui étonnerait même