Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/327

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du progrès, qui a besoin d’une autre définition pour qu’on l’entende, et qu’il appelle l’ordre continu ?

Est-ce l’idée, qu’il dit être la plus générale de la philosophie positive, « que toutes les connaissances humaines doivent être dominées par un petit nombre de sciences fondamentales et former un tout ?… » Est-ce son mépris de la psychologie et de l’économie politique ?… Est-ce son altruisme, à part le mot que personne ne lui dispute ? Est-ce sa morale, sans Dieu, sans sanction, sans immortalité, sans espérance, et pour le plaisir d’être agréable à tout le monde ? Est-ce sa religion de l’humanité ?

Mais tout cela est vieux, détérioré et branlant comme un pont qui croule. Tout cela, depuis des temps infinis, jonche, de la plus triste façon, le champ de la spéculation humaine ! Et c’est avec tout cela pourtant que vous voulez éclairer le monde jusqu’au fin fond de sa dernière illusion ! C’est avec cela que vous vous appelez ou qu’on vous appelle le seul philosophe des temps futurs, le démonstrateur, le positiviste. Faites-vous appeler poseur plutôt ! Ce sera mérité et plus juste. Je ne sache rien de plus contestable, de moins approfondi, de moins approchant du réel, que cette philosophie de l’histoire à quoi se réduit, en somme, l’œuvre de M. Comte, dans M. de Blignières, et qui vient après les escamotages de toutes les questions vraiment philosophiques, théodicée, métaphysique, vérités abstraites, comme les ombres chinoises venaient après les tours de gobelet, chez l’autre escamoteur.

Oui, malgré ma résolution de rester grave en ce grave