Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/382

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échapper à notre examen. C’est à la réflexion seulement que nous avons compris qu’un livre de cette importance et de cette portée ne pouvait être passé sous silence. Les Études de M. le docteur Tessier n’intéressent pas, en effet, que les hommes d’une science déterminée. Elles méritent d’être signalées à l’attention de tout ce qui pense.

Elles s’appuient sur ces grandes généralités qui soutiennent tout, dans le monde intellectuel et moral. A travers les lignes droites ou les sinuosités de l’argumentation supérieure de M. Tessier, on voit que l’esprit de ce redoutable discuteur doit fomenter, depuis longtemps déjà, une vaste théorie de son art, et il est impossible de ne pas tenir compte de ce qu’on aperçoit d’un système qui, sans doute, se dégagera plus tard, avec la double force de ses développements et de son ensemble. Si nous pouvions, par le peu que nous en dirons aujourd’hui, avancer le moment où ce système, parachevé et complet, sortira de l’esprit auquel il a donné tant de résistance et de vigueur contre les tendances d’un enseignement vicieux et funeste, nous croirions avoir fait assez. Les prétentions du temps actuel sont philosophiques. C’est dans ces prétentions qu’il faut le saisir pour le redresser. L’Esprit philosophique a mis partout sa main insolente ; il faut partout la lui couper, Sous prétexte d’indépendance, il a brisé la chaîne des traditions dans toutes les directions de la pensée. En histoire, il a faussé les faits à l’aide d’interprétations mensongères, et il a inventé des philosophies de l’histoire. M. Tessier est un de ces fermes esprits qui ne donnent pas dans ces majestueuses niaiseries. Il est de ceux qui croient que sur tous