Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/268

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les chemins du désordre les femmes tombées, mais qui voudraient bien les garder pour eux. Pour notre part, nous ne connaissons que les prêtres catholiques qui puissent ramasser avec leurs saintes mains désintéressées les femmes qui tombent, mais des philosophes ne le peuvent pas ! Ce Palmer, sans qui, du reste, le roman ne finirait point, apporte, pour le terminer, un enfant enlevé à Thérèse et qu’elle avait eu d’un indigne mari avant que l’indigne amant lui eût succédé. C’est ainsi que l’enfant vrai peut arracher du cœur de Thérèse, de ce cœur enragé ou plutôt dépravé par des besoins de maternité insatiables, l’amour faux de ce faux enfant d’amant, qu’elle s’obstine, jusqu’au dernier moment du livre, à traiter avec la lâcheté sublime que les mères ont parfois pour leurs fils !


IV

Voilà le roman d’Elle et Lui, dans lequel on a voulu voir tant de choses piquantes, tant d’allusions, de confidences… au public, de dépositions contre un mort, tout un infini de sentiments ou de ressentiments qui n’y sont peut-être pas ! Ce qui peut en faire douter, c’est le livre même. Il n’a pas l’énergie qu’il faudrait. Dante s’y prenait mieux. Quand il mettait ses ennemis en enfer, il les y plongeait bravement et ne les appelait pas Eux ! Il ne connaissait pas les précautions, les demi-mots, les demi-jours, les demi-vengeances, les petits tripotages d’impartialité, pour ne