Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/326

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d’un changement à vue théâtral, mariage final des amants restés vertueux, telles sont les étonnantes découvertes de M. Théophile Gautier dans son fameux Capitaine Fracasse, lesquelles étaient faites, avant ce surprenant Capitaine, dans toutes les comédies sans exception de l’ancien théâtre espagnol, italien et français ; dans toutes les Nouvelles des vieux romanciers du commencement du dix-septième siècle, et que seul un romantisme impuissant, qui travaille en vieux, quand il croit faire du neuf, peut nous donner, après trente ans de romantisme plus heureux, pour de colossales inventions ! Ici donc, — il faut bien l’avouer, — le roman d’aventure dont on décorait M. Théophile Gautier s’en va rejoindre le roman d’idée, le roman de cœur, le roman de nature humaine et de mœurs, dont M. Théophile Gautier est radicalement incapable. Sur cette simple esquisse, Le Capitaine Fracasse est fracassé et même fricassé, et, s’il a mis trente ans à naître, il ne mettra certainement pas trente ans à mourir !


IV

Je désire ajouter un mot cependant. M. Théophile Gautier, à qui je refuse absolument aujourd’hui les qualités du romancier, — quel que soit le genre de roman qu’il conçoive ou qu’il réalise, — n’en est pas moins un des écrivains les plus caractérisés de ce temps, et, dans le sens le plus élevé du mot, un poëte. Or, c’est parce que je le tiens pour l’un et pour l’auteur