Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

7.

aujourd'hui je comptais sur une lettre de (...) et il n'est rien venu, ce qui a noirci mon humeur pendant toute la journée. Il a fait très beau, et seulement tempête de masques. Le carnaval écume dans sa folle et fausse gaîté, et c'est le premier depuis quatre ans que j'aie passé avec un abattement et une impossibilité de prendre part si complète. — singulière situation que celle de cette misère qu'on appelle l'âme, à certains moments .

Lu. — écrit. — travaillé à bâtons rompus tout le jour. — lu du pouce, comme disait si spirituellement l'abbé De Pradt (un hargneux, bilieux, amusant et caustique animal par parenthèse), l'ouvrage de parent du châtelet sur les prostituées de la bonne ville de Paris. bêtement rédigé, mais curieux. — n'ai rien mangé de toute la journée parce que j'allais dans le monde le soir. — passé deux heures à ma toilette, comme une grande intelligence que je suis.

Allé le soir chez Mme De L R. — Guérin et Gaudin y étaient. Ils ont dansé jusqu'à épuisement du calorique. Je les ai regardés faire, disposé à railler tout ce qui était là et jetant de temps en temps une épigramme