Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/273

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de l'eau, — plusieurs verres, — j'ai une altération cruelle tous les soirs. — dans toutes les crises morales, il en est de même.

1er avril.

levé d'assez bonne heure et mis à lire immédiatement pour me fuir moi-même. — reçu deux lettres, — une qui ruine mes espérances d'arrangement avec Ernest. — rien ne me réussit depuis quelque temps. — à midi, R est venu. — habillé ; — ai pris un manteau. — le temps est sec et glacé. Nous sommes (R et moi) allés ensemble au musée. — y sommes restés trois heures.

— ai remarqué deux choses : la danseuse de

Winterhalter, qui est la plus grande beauté physique que l'on puisse voir, une image vraie de la jeunesse qui rêve parce qu'elle est lasse d'avoir dansé. Il y a une vie écumante dans cette forte et belle fille ; son tambour de basque semble vibrer encore. — oui ! Il vibre à l'oeil, mais le jour qui tombe, rose et blanc, sur ce front brun et animé, est peut-être trop blanc et trop rose. — puis le tableau de Biard, je crois, les femmes grecques se précipitant dans l'abîme,

— belle composition ! Coloris,

expression, groupes, variété d'attitudes, cela paraît très beau à un ostrogoth comme moi qui n'ai pas la moindre appréciation des beaux-arts. — frappé