Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/160

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dans ce temps-là, et ce loisir, la trêve de Dieu du travail, donnait même extérieurement aux campagnes une physionomie qu’elles n’ont plus.

— Ce n’est pas un jour pour passer sur la route, — dit Sombreval, qui connaissait profondément les habitudes de ces contrées, — et cependant on nous observe de là-bas, — ajouta-t-il en fronçant les sourcils. Il avait probablement le ressentiment et l’impatience des deux scènes de la journée, et il craignait qu’une troisième survenant encore ce jour-là ne fît déborder ses passions, malgré ses promesses à sa fille.

Néel regarda dans la direction du doigt de Sombreval.

— C’est une femme, dit-il…

— Encore quelque tourniresse du diable ! — interrompit Sombreval, qui se servit pour désigner la femme en question du patois normand qu’il avait tant parlé autrefois.

— Non, celle-ci n’est pas une mendiante, monsieur Sombreval, — répondit Néel, les yeux fixés, tout en ramant, sur la personne que de loin il reconnaissait. — De celle-ci nous n’avons rien à craindre, — fit-il en jetant le plus tendre de ses regards à Calixte. — Une fumée rose passa sur son front blanc et sur ses joues. Il rougissait. Il avait dit : Nous !