Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/343

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mais qui en a un, sans doute, dans celle des Élus. Dès son arrivée au Quesnay, Calixte était devenue la pénitente de l’abbé Méautis. Il avait remplacé l’abbé Hugon.

Calixte avait pu verser à ses pieds, dans la confession, tous les secrets de sa destinée, et il n’avait pu s’empêcher de la comparer à la sienne. Elle faisait, en effet, auprès de son père, — auprès du génie coupable, — ce qu’il faisait, lui, auprès de sa mère, — auprès de la folle innocente, et c’était lui peut-être qui était le moins malheureux ! Du reste, il croyait, comme l’avait cru l’abbé Hugon, que Calixte, cette fille de Jephté, dont il savait le sacrifice, obtiendrait de Dieu la conversion de Sombreval ; — et c’est cette idée, passée en lui à l’état de certitude, qui lui avait fait répondre comme il y avait répondu, aux paroles de la Malgaigne, quand il était arrivé sur la butte.

Cette idée, il l’exprima de nouveau. Il y insista, mais il trouva devant lui une incrédulité à laquelle il ne devait pas s’attendre, et ce ne fut point de la part du vicomte Éphrem, attiré par l’aimant de Calixte à tout croire. Ce ne fut même point de la part de ce renard madré de Bernard de Lieusaint, jaloux comme un père qui voyait une rivale de Bernardine en Calixte Sombreval, et qui lui aurait tout refusé, excepté le Paradis, s’il en avait eu la clef dans