Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/11

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Lecteur ! telle est la Muse fière
Qui par un temps d’orage apparut mes yeux,
Et que depuis ce jour dans les gouffres de pierre
Suivirent mes pas hasardeux.
Je sais qu’il en est de plus belles,
Dont le chant toujours plane aux voûtes éternelles ;
Mais j’aime cette Muse à l’égal de ses sœurs :
Elle montre le bien aux âmes indociles,
Sans crainte elle s’abaisse aux choses les plus viles,
Et trouve quelquefois dans la fange des villes
A consoler les cœurs.

Or, j’ai voulu tenter une œuvre austère,
Par la triple clameur d’un concert menaçant,
J’ai voulu détourner les enfants de la terre
Des noirs excès du temps présent.
Effort laborieux, peut-être téméraire !
Peut-être, hélas ! ai-je entrepris
Plus que je ne voulais et plus que je ne puis !