Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/179

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Enfin Venise au sein de son Adriatique,
Expire chaque jour comme une pulmonique ;
Elle est frappée au cœur et ne peut revenir.
Le destin a flétri son royal avenir,
Et pour longtemps sevré sa lèvre enchanteresse
Du vase d’Orient que lui tendait la Grèce.
Bien qu’il lui reste encore une rougeur au front,
Dans ses flancs épuisés nulle voix ne répond ;
Pour dominer les flots et commander le monde
Sa poitrine n’est plus assez large et profonde ;
C’en est fait de Venise, elle manque de voix ;
L’homme et les éléments l’accablent à la fois.
Comme un taureau qui court à travers les campagnes,
Le fougueux éridan descendu des montagnes,
De sable et de limon couvre ses nobles piés ;
Puis la mer, relevant ses crins humiliés,
Ne la respecte plus, et tous les jours dérobe
Un des pans dégradés de sa superbe robe.
Elle tombe, elle meurt, la plus belle cité !
Et l’homme sans respect pour tant de pauvreté,