Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’aspect tumultueux des pauvres créatures
Qui vivent, ô Bedlam ! Sous tes voûtes obscures !

Quel spectacle en effet à l’homme présenté,
Que l’homme descendant à l’imbécillité !
Voyez et contemplez ! Ainsi que dans l’enfance
C’est un torse tout nu retombant en silence
Sur des reins indolents, — des genoux sans ressorts,
Des bras flasques et mous, allongés sur le corps
Comme les rameaux secs d’une vigne traînante ;
Puis la lèvre entr’ouverte et la tête pendante,
Le regard incertain sur le globe des yeux,
Et le front tout plissé comme le front d’un vieux ;
Et pourtant il est jeune. — Oui ; mais déjà la vie,
Comme un fil, s’est usée aux doigts de la folie ;
Et la tête, d’un coup, dans ses hébêtements,
Sur le reste du corps a gagné soixante ans.
Ce n’est plus désormais qu’une machine vile
Qui traîne, sans finir, son rouage inutile ;
Pour lui le ciel est vide et le monde désert ;