Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/178

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locale apportée mystérieusement ; il n’est pas question, comme le croit le vulgaire, d’un sinistre accident intérieur. Le cancer n’est même pas contagieux. Nous sommes en présence de la crise pathologique aiguë et rapide de toute une catégorie d’affaiblis, — d’une des formes élémentaires de la maladie humaine.

« C’est un état général qui nécessite et précise le mal ; c’est le malade lui-même, pourrait-on dire, qui appelle le ravage du parasite. C’est son organisme qui le veut !

« Le parasite ! Il n’y en a peut-être qu’un seul, qui se différencie suivant les milieux, et engendre, dans les locaux organiques appropriés, les diverses maladies. La bactériologie épelle encore ; quand elle parlera, elle nous annoncera sans doute cette nouvelle qui donnera à la médecine je ne sais quoi de plus tragique encore que sa grandeur présente.

« Je crois, quant à moi, à l’unité parasitaire. »

— La théorie est à la mode, dit le vieux maître. En tous cas, elle est tentante, et il faut reconnaître que la médecine, la chimie, la physique, à mesure qu’elles s’approfondissent, tendent de toutes parts à l’unité des éléments matériels et des forces. Dès lors, et bien qu’il n’y ait pas de preuve irréfutable, quoi de plus probable que cette simplification terrible dont vous parlez !

— Oui, fit l’autre à mi-voix, comme s’il réfléchissait. Toutes les maladies sont faites avec les mêmes choses. C’est la même vie imperceptible qui nous conduit tous à la mort.

— Il y aurait pour nous tous, murmura l’autre