Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apporté là mes yeux en prière. La chambre était noire, mêlée à tout, pleine de toute la nuit, de tout l’inconnu, de toutes les choses possibles. Je suis retombé dans ma chambre.

Le lendemain, j’ai vu la chambre dans la simplicité de la lumière du jour. J’ai vu l’aube s’étendre en elle. Peu à peu, elle s’est mise à éclore de ses ruines et à s’élever.

Elle est disposée et meublée sur le même modèle que la mienne : au fond, en face de moi, la cheminée surmontée de la glace ; à droite, le lit ; à gauche, du côté de la fenêtre, un canapé… Les chambres sont identiques, mais la mienne a fini et l’autre va commencer…

Après le déjeuner vague, je retourne au point précis qui m’attire, à la fissure de la cloison. Rien. Je redescends.

Il fait lourd. Un peu d’odeur de cuisine persiste, même ici. Je m’arrête dans cette grandeur sans limites de ma chambre vide.

J’entrouvre, j’ouvre ma porte. Dans les couloirs, les portes des chambres sont peintes en brun avec les numéros gravés sur des plaques de cuivre. Tout est clos. Je fais quelques pas que j’entends seuls, que j’entends trop, dans la maison grande comme l’immobilité.

Le palier est long et étroit, le mur est tendu d’une imitation de tapisserie à ramages vert sombre où