Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/91

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de l’asile étroit de mon lit ; ma chambre était froide comme les rues. Je me dressai le long du mur qui, à mes mains chancelantes, se révéla mort et glacé.

Je regardai. Le reflet de la lune entrait dans la chambre voisine, dont les volets n’étaient pas fermés comme ceux de la mienne. Je restai debout à la même place, encore imprégné de sommeil, hypnotisé par cette atmosphère bleuâtre, ne percevant nettement que le froid qui régnait… Rien… je me sentis seul comme quelqu’un qui a prié.

Puis un orage, qui menaçait à la fin du jour, éclata. Des gouttes tombaient, des coups de vent s’engouffraient, brusques, et longs dans l’espace. Des grondements de tonnerre secouaient le ciel.

De minute en minute, la pluie s’accentua ; le vent souffla plus doux et continu. La lune fut cachée par les nuages. Autour de moi, ce fut l’obscurité complète.

Le tablier de la cheminée trembla, puis se tut. Et, sans savoir pourquoi je m’étais réveillé et pourquoi j’étais venu, je demeurai en présence de cette ombre interminable, de toute la nuit, en présence du monde qui était devant moi comme un mur.

Alors, dans l’espace noir, glissa un bruit léger…

Sans doute, quelque fracas lointain de tempête. Non… un murmure tout proche ; un murmure, ou un bruit de pas.