Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/20

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L’aile des éventails est prise, et tremble, lasse.
Un doux soleil fleurit, captif jusqu’au matin.
La danse éparpillée affronte en vain l’espace,

Elle obéit sans cesse, et retombe sans fin.
Toute la vie enclose entre les feux des glaces
Voudrait s’enfuir, et reste là, comme un jardin.


II


J’ouvre les yeux, lassé par la très longue veille ;
C’est la chambre dolente et l’ombre dans le coin,
Et la voix de l’horloge à voix toujours pareille.

La fenêtre confuse éclaire par un joint
D’une mince lueur le plafond qui sommeille ;
Dans la rue, une voix se lamente très loin.

La paix des grands rideaux où l’âme tiède est prise
Garde ses longs plis morts sur mon repos très lourd,
Et mon demi-sommeil rêve dans l’heure grise…