Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/202

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Frêle douleur que rien n’aura jamais atteint,
Toi que veille l’azur comme un grand dieu sans prêtre,
Repose vaguement du soir jusqu’au matin.

Repose loin de ceux qui ne sont pas avides
D’attente inconsolable et d’azurs décevants,
Ceux du bonheur parfait et de la mer sans rides.

Laissons les prêtres fous et les amants fervents
Venir béatement baigner leurs tempes vides
Dans ce fleuve brumeux chanté par les grands vents !

Laissons les amoureux à leurs songes infimes,
Laissons la pauvre voix qui chante dans la cour
Rêver d’un pur bonheur et d’un cœur sans abîmes !

Sachons que rien ne vaut la gravité du jour,
Et cette éternité qui nous a faits sublimes,
Ne la blasphémons pas par des serments d’amour.