Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/206

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Tu serais l’amour, et l’enfance…
Et pourtant, toi qui ne dis rien,
Et moi qui souris de souffrance,
Je sens que ton silence est bien.

Je t’adore dans ton grand règne,
Et dans l’espace sans amours.
Tu ne dis rien comme l’on saigne,
Et te voir, c’est pleurer toujours.

Oh sans raison, sans mal, sans crimes,
Et sans remords au fond de moi,
Je voudrais à tes pieds sublimes
Pleurer que la lumière soit !

Pleurer que le jour s’irradie
Que la nuit brûle dans les cieux,
Pleurer tout ce pauvre incendie
Qui monte humblement dans nos yeux…