Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/238

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Comme l’Autre, Seigneur, tu verras dans les rues
Les hommes revenir en pleurs pour oublier,
Et les filles qui rient pour être secourues !

Que les vieux jours sont loin, que tous les jours sont vieux,
Dans ce dernier refuge où d’année en année,
Le soleil a laissé l’épave de tes yeux !

Attendri, comme tout, dans l’heure abandonnée,
Tes regards ont cherché d’abord au fond des cieux
Un peu de la blancheur où s’en va la journée.

Et rien ne te couronne, et rien ne t’a chanté,
Et nul ne te connaît des enfants et des hommes
Dans le dernier refuge où tu t’es arrêté.

Le destin fut amer au vieux monde où nous sommes ;
Si peu que nous ayons aimé la vérité,
La vérité peut-être a moins aimé les hommes !