Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/92

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Et l’herbe sous tes pieds est une longue gamme,
Et le grand bois astral se dresse et se souvient
Dans le silence et la musique de ton âme…

Le figuier, où confus et plein d’un grand dessein,
Tu t’adossas le soir pour rêver de merveille,
Met sa dentelle d’ombre au marbre de ton sein.

Et l’herbe patiente à tes pieds s’ensommeille,
Et l’adoration erre comme un essaim
À l’arbre pur et blanc, ô maître, de ta veille.

Pense au très long soleil sur le seuil étouffant,
Aux chambres de silence, aux douleurs dépensées,
Aux faibles que lassa l’avenir triomphant.

Car la vie est un cri vers les choses passées,
Et nous sentons le soir nos prières d’enfant
Revenir près de nous comme des délaissées…