Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/172

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consistaient à porter des lettres, à faire des messages, etc. Le gomastah, aussitôt son arrivée, entrait en pourparler avec une sorte de courtiers de commerce appelés dallah, lesquels sous-traitaient avec les picars, qui eux-mêmes traitaient enfin avec les tisserands. Entre la Compagnie et le tisserand indou il y avait ainsi cinq intermédiaires, qui étaient, à partir de ce dernier, le picar, le dallah, le gomastah, le banyan, l’agent de la Compagnie. Les tisserands, aussi misérables que les autres ouvriers de l’Inde, se trouvaient presque inévitablement, presque nécessairement hors d’état d’acheter les matériaux et les instruments de leur travail. Encore moins pouvaient-ils subsister, eux, leurs femmes et leurs enfants, pendant la durée de ce travail. Aussi le banyan se trouvait-il contraint de lui faire des avances par l’intermédiaire du gomastah, et en général à de gros intérêts. Le tisserand se mettait alors à l’œuvre. Sa pièce terminée, il la portait au banyan, qui la faisait marquer, puis déposer dans un entrepôt destiné à la recevoir. À la fin de la saison, lorsque toutes les commandes se trouvaient achevées, le banyan et ses agents se livraient à un examen soigneux de chaque pièce ; ils en payaient alors le prix au tisserand, tout en lui faisant subir en général une réduction de 15, 20, 25 p. 100, sur le prix primitivement convenu ; dans toutes les autres transactions, le banyan figurait d’une manière analogue : c’était à la fois l’intendant, l’interprète, le teneur de livres, le se-