Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/262

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garnison dans Agra. Baber, s’adressant alors à l’assemblée, après quelques réflexions préliminaires, s’écria : « Et que diront tous les rois du monde d’un conquérant que la crainte de la mort aura fait abandonner un tel royaume ? N’est-il pas mieux de nous réconcilier avec le martyre, d’appeler à nous toutes les forces de notre cœur ? car enfin, puisqu’il faut de toute nécessite que l’âme quitte le corps, la chose essentielle n’est-ce pas qu’elle puisse le faire avec honneur ? Le but de toute la vie humaine n’est-il pas de laisser derrière soi un nom sans tache ? » À ses mots, l’assemblée tout entière se leva comme un seul homme en s’écriant : « La guerre, la guerre ! » L’empereur promit de se rendre à ce désir. Jusque là fort adonné au vin, il fit solennellement le serment de n’en plus boire s’il revenait victorieux de la campagne.

Les deux armées se trouvaient alors à six milles seulement de distance l’une de l’autre. Le 30 mars (1526) Baber se mit en mouvement ; le bagage et l’artillerie ouvraient la marche, le reste de l’armée venait ensuite, en une seule colonne. Au bout de deux milles, Baber fit halte et prit position. Quelques centaines de jeunes guerriers de bonne volonté, devançant le gros de l’armée, allèrent escarmoucher avec les postes avancés de l’ennemi ; ils lui tuèrent passablement de monde. Le jour suivant, ayant fait encore deux milles, Baber s’arrêta dans le voisinage de Byana, sur la rivière de Bagunga, à quatre milles au nord de Bhurtpoor. Les