Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

père : le serpent effrayé se hâta de dérouler les anneaux dont il enveloppait le corps de l’enfant ; il s’échappa. Ce miracle enhardit les parents à faire de nouveaux efforts pour conserver une vie si merveilleusement préservée ; et comme ils furent peu après rejoints par d’autres voyageurs, la petite fille n’eut plus d’autres dangers a courir. Aiass, arrivé dans l’Indostan, entra au service d’un omrah, se fit remarquer d’Abkar lui-même, et, s’élevant de degré en degré, devint trésorier de l’empire. L’enfant, jadis abandonnée dans le désert, était devenue pendant ce temps également remarquable par ses talents et sa beauté. Déjà elle était fiancée à un omrah lorsque Selim la vit ; il en devint passionnément amoureux, et voulut faire rompre le mariage par l’autorité impériale : Ackbar s’y refusa. Une fois sur le trône, ce même Selim compta pour peu de chose la vie d’un homme qui était un obstacle à ses désirs : l’omrah fut assassiné, sa femme passa dans le sérail de l’empereur. Alors, par un caprice des plus singuliers, quoique fort fréquent, l’empereur, dont aucun obstacle n’aiguillonnait plus les désirs, parut s’être dégoûté tout-à-coup de cette femme ; il passa plusieurs années sans la voir, il refusa même de lui faire une pension suffisante pour son entretien. Elle fut obligée de faire vendre dans les boutiques des marchands les productions de son aiguille et de son pinceau, genre d’ouvrages où elle excellait. La réputation de ses talents arriva jusqu’aux oreilles de l’empereur, qui fut curieux d’en