Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/318

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timents, il avait renvoyé la plus grande partie de ses propres gardes. L’impératrice ne vit pas plutôt ce changement, qu’oubliant ce qu’elle devait à Mohabet, elle ne cessa de demander sa mort à l’empereur. Jehangire, tout faible qu’il fût, repoussait ces importunités ; elle se résolut alors d’avoir recours à l’empoisonnement. Jehangire avertit Mohabet du danger qu’il courait ; et ce dernier s’enfuit aussitôt du camp, sans suite, presque seul. L’homme qui avait tenu l’empereur dans ses mains, épargnant à la fois sa vie et son autorité, n’eut plus alors un coin où se reposer, une pierre où s’asseoir dans tout l’empire ; sa tête fut mise à prix ! Mohabet prend aussitôt une résolution en harmonie avec la hardiesse et la générosité de son caractère : sous le vêtement d’un homme du peuple, il se rend de nuit dans le camp d’Asiph-Jah, le ministre, et se place dans un passage conduisant des appartements du visir au harem. Interrogé par un eunuque de service sur le motif de sa présence en ce lieu, il répond qu’il doit entretenir le visir de choses de la plus haute importance. Le visir, qui avait souvent manifesté de l’estime et de la sympathie pour le caractère de Mohahet, fut touché de la confiance de ce dernier. À peine l’a-t-il reconnu qu’il lui tend la main et l’entraîne dans des appartements secrets. Mohabet s’explique avec franchise sur la conduite de l’impératrice ; il parle de la faiblesse de Jehangire, de la nécessité du choix d’un autre souverain pour le salut de l’État ; il ajoute : « L’aîné des fils de l’em-