Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/340

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ture à lui faire espérer une révolution favorable dans la tournure de ses affaires.

Un fils d’Aureng-Zeb, Mahomet, avait été jadis amoureux de la fille de Sujah ; leur union avait même été projetée avant que les discordes de la famille royale eussent rempli l’empire de sang et de confusion. La princesse écrivit à Mahomet une lettre dans laquelle, lui rappelant le souvenir de leur première tendresse, elle lui reprochait de s’être fait l’instrument de la ruine de son père. Mahomet, fier et présomptueux, ne supportait qu’en frémissant le joug de la volonté despotique d’Aureng-Zeb : la douleur de celle qu’il avait aimée, qu’il aimait peut-être encore, le toucha ; il résolut d’abandonner la cause de son père pour celle de son oncle. Aimé de son armée, il ne doutait pas de l’entraîner facilement dans sa détection ; mais l’émir Jumla, fidèle à Aureng-Zeb, fit échouer ce dessein. À la nouvelle de la défection de son fils, Aureng-Zeb ne doutant pas qu’il n’eût entraîné l’armée, se mit en toute hâte en marche vers le Bengale. Dans l’intervalle, Jumla avait attaqué l’armée de Sujah et l’avait défaite ; Mahomet et Sujah s’étaient enfuis : alors Aureng-Zeb, sous la forme d’une réponse à Mahomet, lui écrit une lettre qu’il a soin de faire intercepter par les agents de Sujah : et dans cette lettre, feignant d’accueillir les témoignages de repentir que Mahomet lui aurait donnés, il lui offre l’oubli du passé, le pardon de sa récente trahison, condition cependant que le prince révolté ren-