Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/346

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vidée. L’usage de cette boisson les prive insensiblement de leurs forces et de leur intelligence ; ils maigrissent, s’affaiblissent, s’hébètent de jour en jour, jusqu’à ce qu’enfin ils aient succombé. À la mort de Shah-Jehan, Aureng-Zeb devint maître de l’empire par droit de succession aussi bien qu’il l’était déjà par le droit de conquête. Il avait vu successivement disparaître tous ses rivaux, tous ses compétiteurs, c’est-à-dire à peu près toute la famille impériale. C’est aussi à compter de ce moment que l’histoire d’Aureng-Zeb se trouve contemporaine de celle des établissements anglais dans l’Inde.

À cette époque, une erreur commise par un secrétaire fut sur le point d’entraîner l’empire dans une guerre avec la Perse, et de le jeter en même temps dans toutes les horreurs de la guerre civile. À son arrivée au trône, Aureng-Zeb avait reçu des ambassades de félicitations du khan des Usbecks et du shah de Perse ; toutes les affaires du gouvernement étant réglées, il se disposa a les envoyer remercier en son nom. Le secrétaire de chancellerie, chargé de composer les lettres adressées aux deux souverains, désigna le shah de Perse par les mêmes titres que le khan des Usbecks. L’erreur fut prise par le shah pour une injure préméditée ; il commença ses préparatifs de guerre. Aureng-Zeb chercha vainement à expliquer ce malentendu par l’intermédiaire d’un ambassadeur : ce dernier ne put obtenir une seule audience du shah. Cependant, dans l’armée d’Aureng-Zeb les officiers apparte-