Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/388

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qu’un accident imprévu vint tout-à-coup changer la face des choses. Déjà un messager, porteur de ses adieux à l’empereur, s’acheminait vers Delhi ; mais ce messager et l’escorte qui l’accompagnait furent massacrés par les habitants de Jellalabad. Les courtisans s’opposèrent à ce que Mahomet envoyât quelques excuses à l’occasion de ce meurtre ; bien plus, ils l’engagèrent à y donner son approbation officielle. Ils tournaient en ridicule toute idée que l’empereur pût avoir quelque chose à craindre de la part d’un berger pillard, d’un voleur du Chorassan : c’est ainsi qu’ils désignaient entre eux le terrible Nadir.

Nadir, suspendant aussitôt le mouvement rétrograde de son armée, marcha immédiatement sur la ville coupable ; les habitants en furent passés au fil de l’épée, sans distinction d’âge ni de sexe. Nadir se dirigea ensuite sur Peshawir, puis sur Lahore, où il ne rencontra qu’une faible résistance, et de là vers la capitale de l’empire par le chemin le plus court. Mahomet, entouré de courtisans et de flatteurs, sommeillait dans une fatale sécurité ; il ne se trouva personne assez osé pour troubler ce repos, en lui donnant l’avis que l’usurpateur persan se préparait à attaquer le grand Mogol, le descendant de Timour. L’armée impériale était bien entrée en campagne depuis deux mois, mais elle n’était encore qu’à Carnal, c’est a-dire à quatre jours de marche de Delhi ; c’est là qu’elle fut surprise par l’armée de Nadir, dont Mahomet et la cour ignoraient encore