Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/421

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assidûment avec le prisonnier, et se mit en mesure de l’aider à compléter la somme demandée par les Mahrattes. Il entrait en même temps en rapport avec d’autres chefs, chose facile pour lui, qui se trouvait parfaitement au courant de leurs mœurs, de leurs usages et de leurs intérêts. Sa femme, créole née et élevée au Bengale, où il l’avait épousée, l’aidait encore admirablement en cela. Versée dans toutes les langues et les dialectes de l’Indostan, elle put se lier intimement avec la famille de Doas-Ali et de Chunda-Saheb ; elle correspondit, au nom de son mari, avec tous ceux qu’elle crut en mesure de favoriser la cause du captif, et, par suite, les vues des Français. Son nom de baptême était Jeanne : elle adopta pour signature le nom persan Jân, et devint fort connue à cette époque dans l’Inde sous le nom de Jân-Begum. Ainsi se forma cette grande liaison de Chunda-Saheb et des Français, et, par contre-coup, de Subder-Ali avec les Anglais ; liaison qui eut dans la suite une fort grande influence sur les affaires du Carnatique.

Les commandants ou gouverneurs de toutes les villes du Carnatique avaient été taxés à proportion de leurs revenus, pour payer aux Mahrattes le reste de la contribution. Mortiz-Ali, le plus riche seigneur de la province et beau-frère de Subder-Ali, mettait beaucoup de retard à payer sa part dans cette contribution ; ce dernier le pressait de s’acquitter, le menaçant de sa colère en cas de refus. Irrité, Mortiz-Ali se lia dès lors avec les ennemis du nabob,