Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avaient sollicité le nabob de s’opposer à ce que les Français commissent des actes d’hostilité sur terre ; mais ils négligèrent le moyen le plus efficace de faire agréer leurs instances, celui de les accompagner d’un présent. Cette économie intempestive refroidit si fort le nabob qu’il laissa aux Français toute liberté d’agir ; les Anglais, n’ayant plus aucune espérance de ce côté-là, se décidèrent à entrer en pourparlers. Une fille de Dupleix, mariée à un Anglais et enfermée dans la place, en donna par une lettre avis à La Bourdonnais ; la nouvelle fut bien accueillie, car l’apparition de la flotte anglaise, attendue d’un moment à l’autre, aurait mis le corps d’armée assiégeant dans le plus grand péril. Le 20 au matin, deux députés anglais se présentèrent au camp des Français ; une conférence eut lieu entre eux et La Bourdonnais.

Les Anglais, prenant la chose de loin, parlent d’abord du grand Mogol, de la violation de son territoire, etc. La Bourdonnais répond qu’il s’est borné à repousser les hostilités ; que ce sont les escadres anglaises qui les ont commencées en s’emparant de vaisseaux français dans des ports neutres, etc. Les députés comprennent à ce langage qu’il faut aborder la question d’une manière plus positive : ils demandent à La Bourdonnais le prix qu’il exige pour se retirer de devant Madras. Indigné, il répond : « Messieurs, je ne vends point l’honneur ; le pavillon du roi flottera sur Madras, ou je mourrai au pied de ses murailles. » Ces fières