Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/442

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pes du naboh se hâtèrent de se réfugier dans la ville, où elles furent poursuivies par les Français qui, dans les rues étroites où la frayeur entassait les fuyards, en firent un grand carnage. Au commencement de l’affaire Maphuzi-Khan s’était montré à tous les regards sur un éléphant de taille gigantesque ; au-dessus de sa tête flottait le grand étendard du Carnatique ; il n’en prit pas moins la fuite un des premiers. Cette défaite jeta la terreur dans l’âme du nabob, en même temps qu’elle exalta le courage des Européens. Jusqu’à ce moment ces derniers, qui depuis long-temps avaient pris l’habitude d’éviter et de craindre toute guerre, tremblaient au seul nom du grand Mogol et d’un de ses nabobs ; les Français venaient de dissiper ce prestige, en dispersant une armée entière avec quelques centaines d’hommes.

Cependant les habitants de Pondichéry, animés d’un esprit de jalousie et de rivalité contre ceux de Madras, ne voyaient pas sans un grand dépit ceux-ci au moment d’échapper à leur ruine. On murmurait hautement, dans Pondichéry, contre le traité de rançon signé par La Bourdonnais ; le conseil partageait ces sentiments, et les communiquait au gouverneur ; celui-ci, dont ils flattaient les vues secrètes, se hâta de leur donner satisfaction. De nouvelles instructions furent en conséquence envoyées à Paradis, toujours commandant à Madras. Les habitants étant assemblés, lecture leur fut donnée, en présence de la garnison française sous les armes, d’une