Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/460

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était rapide, profonde, et les Tanjoréens se montraient disposés à en empêcher le passage. Un charpentier de vaisseau entreprit de surmonter cette difficulté ; il construisit un radeau sur lequel pouvaient se placer quatre cents hommes ; pendant la nuit, il passa la rivière à la nage et fut attacher un cordage à un arbre sur la rive opposée ; au point du jour des soldats montèrent sur le radeau, le halèrent au moyen de cette corde, et le radeau se mit en mouvement, au grand étonnement des Tanjoréens. Ils firent un feu très vif, tuèrent trente Européens et cinquante Cipayes ; les Anglais débarquèrent néanmoins, et les Tanjoréens cherchèrent leur refuge dans l’interieur du fort. Le major Lawrence ordonna l’assaut. Clive fut chargé de cette opération : il s’avança vers la brèche, à la tête d’un corps de trente-quatre Européens et de sept cents Cipayes. Les Européens marchaient en tête ; les Cipayes s’arrêtèrent pour remettre de l’ordre dans leurs rangs, et ce mouvement ayant isolé les Européens, les Tanjoréens firent une sortie à propos et les taillèrent en pièces. Clive et trois autres furent les seuls qui en réchappèrent. Le major Lawrence comprit que ce moment était décisif : il marcha à la tête de ce qui lui restait de forces disponibles, et la place fut emportée sans plus de résistance.

Dans un des coins du fort se trouvait un officier de l’armée tanjoréenne, d’un grade élevé et de haute caste, oublié par ses compatriotes, dans la précipitation de leur fuite ; il était dangereusement