Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/547

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nation n’aurait que quatre ou cinq comptoirs dans les provinces de Rayamundrun et de Chicacole, sans aucun revenu territorial, et que ces comptoirs seraient placés de manière à ne pas se nuire réciproquement. » Par ce traité, les Français perdirent tous les avantages qu’ils avaient obtenus jusqu’alors ; les Anglais obtinrent tous les points pour lesquels ils avaient combattu. La condition de ne pas se mêler aux intérêts politiques du pays était la reconnaissance implicite de Mahomet-Ali comme nabob du Carnatique. La stipulation de mettre les possessions des deux nations sur un pied d’égalité entraînait l’abandon de leurs récentes et magnifiques acquisitions territoriales. « Il est douteux, dit ironiquement un historien anglais, qu’aucune nation ait jamais fait d’aussi grands sacrifices à l’amour de la paix que les Français en cette occasion[1]. »

Après la conclusion du traité provisoire de 1754, les deux négociateurs, Saunders et Godeheu, firent voile pour l’Europe ; tous deux, le dernier surtout, ne mettant point en doute qu’ils n’eussent fondé la paix de l’Inde sur des bases inébranlables. Dupleix avait lui-même quitté Pondichéry deux jours avant la conclusion de l’armistice. Des sentiments bien amers durent s’élever dans son âme au moment de s’éloigner pour toujours de cette terre de l’Inde où il avait joué un si grand rôle. La France n’envoya jamais dans ces

  1. Colonel Wilkes.