Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/184

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rent de gens qui s’adressaient avec un visage riant des félicitations réciproques. Un étranger n’eût pas manqué de croire qu’il s’agissait de quelque grande victoire remportée par les armées françaises.

Chinglaput se trouvait alors pourvu d’une garnison suffisante ; les troupes d’Issoof, la cavalerie d’Abdulwahab, frère du nabob, qui, ayant d’abord quitté le parti des Anglais, y était revenu, le corps auxiliaire du roi de Tanjore, formèrent un camp sous les murs de Madras. Enhardie par tant de circonstances heureuses, la régence commença dès lors à étendre ses projets jusqu’au recouvrement de la province entière. Cependant l’armée ne se trouva prête à entrer en campagne que le 6 mars : elle se composait de 1,156 Européens, 1,570 Cipayes, 1,120 Colleries (troupes irrégulières des polygards du midi), et 1,956 chevaux. Lally, à l’approche de l’armée anglaise, abandonna Arcot pour prendre une position avantageuse auprès de Conjeveram ; mais bientôt le triste état de sa santé, délabrée par tant de fatigues, et surtout de soucis, l’obligea à retourner à Pondichéry. Il laissa le commandement de l’armée au marquis de Soupire, avec l’injonction positive de ne pas livrer de combat. Retardés dans leur marche par le défaut de vivres, les Anglais arrivèrent le 18 seulement aux environs de Conjeveram ; ils offrirent plusieurs fois le combat, que Soupire, fidèle à ses instructions, refusa constamment. Nejeeb-Oolla, autre frère du nabob, long-temps l’ami des Français, se trouvait à Nélore