Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/258

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nomie, il ne restait plus à la fin du mois que pour trois jours de vivres. Lally ayant été averti que plusieurs maisons particulières en recélaient encore, en dépit de toutes ses défenses, résolut d’ordonner une seconde visite domiciliaire ; mais le père Lavaur, jésuite, au fait de toutes les cachettes de la ville, trouva moyen de s’engager à différer cette démarche ; il se faisait fort de procurer des vivres pour quinze jours. Il tint parole ; mais il peine cette faible ressource fut-elle épuisée, que la famine commença à sévir cruellement ; la fatigue de la garnison était excessive, et les soldats n’avaient qu’une ration suffisante à peine pour les empêcher de mourir d’inanition, insuffisante pour renouveler leurs forces. Ils enduraient toutes les souffrances de la faim ; on en voyait à chaque instant tomber çà et là de faiblesse au milieu des rudes travaux de la défense. Mais le dernier jour de décembre, le bruit se répandit que le traité depuis long-temps négocié avez Vizuazipunt était au moment d’être conclu. Cette nouvelle vint ranimer les espérances et le courage des Français : on disait qu’un corps considérable de Mahrattes, accompagné de toute la cavalerie française, était en marche sur Thiagar, d’où il comptait faire une tentative pour pénétrer dans Pondichéry, et y apporter des vivres à quelque prix que ce fût.

Un fort beau temps avait succédé depuis plusieurs jours à la saison pluvieuse ; le 30 décembre, la mer devint tout-à-coup houleuse et roula des