Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/264

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discrétion ; jurant sur l’honneur qu’il ne manquerait en rien aux devoirs de l’humanité, aux égards réciproques que se devaient les représentants de deux grandes nations européennes. Tous les moyens de défense étant épuisés, il ne restait plus aux assiégés qu’à subir la loi du vainqueur ; il fut donc convenu que la porte de Villenore lui serait livrée le surlendemain. Ce jour-là, Coote se rendit aussitôt chez Lally pour conférer avec lui sur les mesures à prendre ; celui-ci craignant une révolte parmi la garnison, voulut que la citadelle fût livrée le soir même aux Anglais ; il était essentiel de s’assurer des soldats français jusqu’à ce qu’ils fussent envoyés à leurs destinations respectives. Les troupes anglaises entrèrent alors dans la ville ; la garnison se rangea en bataille au pied de la citadelle, et Coote la passa en revue. Elle montait à 1,100 hommes exténués par la faim, les maladies, portant pour la plupart des traces du fer ou du feu de l’ennemi. Les régiments de Lorraine et de Lally, magnifiques à leur débarquement, et les plus belles troupes qu’on eût jamais vues dans l’Inde, conservaient à peine figure humaine ; ils avaient toujours été employés en première ligne aux services les plus pénibles et les plus périlleux. Depuis leur débarquement, malgré les fatigués et les périls de la campagne et du siège, pas un seul n’avait déserté. Le soldat vainqueur ne pouvait contempler ce spectacle sans émotion. La revue passée les soldats déposèrent leurs armes dans la citadelle et furent conduits à leurs prisons