Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/275

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On ne saurait considérer sans quelque émotion cette sanglante catastrophe Les fautes de Lally furent sans doute nombreuses : le rappel de Bussy de la cour du subahdar entraîna la perte des circars du Nord ; le siège de Madras fut entrepris sans discernement, conduit de la même manière ; la division de ses troupes en deux corps d’armée en face d’un ennemi déjà supérieur en nombre, contraire à toutes les règles de la guerre, permit aux Anglais de s’étendre au sud du Paliar et de s’emparer de Wandeswah et de Carangoly ; sa tentative imprudente sur Wandeswvah lui fit perdre la bataille de ce nom, qui amena les Anglais sous les murs de Pondichéry ; enfin les emportements, la violence de son caractère, aggravèrent sans cesse une situation déjà tellement critique en aliénant de lui les esprits de ses subordonnés ; il se trouva ainsi privé d’une partie des ressources que lui aurait valu un concours plus empressé. Il se créa comme à plaisir, à côté, autour de lui, dans l’armée, dans l’administration, parmi les habitants de Pondichéry, des ennemis bien plus redoutables que ceux qu’il était envoyé pour combattre ; et de la sorte fut consommée par ses mains la perte de l’Inde. Mais il faut dire aussi qu’il suppléa à ces inconvénients de son caractère, autant du moins que la chose fut possible, par une bravoure brillante ; une ardeur indomptable, un dévouement absolu aux intérêts du roi et de la patrie. Il inspirait aux Anglais, même au milieu de ses désastres accumulés, une sorte d’admi-