Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/293

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depuis long-temps leur rendrait quelque force. Le reste de la nuit se passa dans un silencieux recueillement.

Le 7 janvier (1760), une heure avant le lever du soleil, les Mahrattes sortirent de leurs retranchements ; l’artillerie marchait en tête de la colonne ; le reste de l’armée venait en arrière, divisée en plusieurs corps dont chacun était commandé par un des chefs de distinction. Ils avancèrent lentement vers le camp d’Ahmed-Shah ; en signe de deuil les sommets de leurs turbans tombaient sur leurs épaules, leurs mains et leurs figures étaient peintes en jaune avec une préparation de turmerie, toute leur contenance manifestait bien plutôt la résignation du désespoir que la noble confiance d’une armée qui se croit sûre de la victoire. Un soldat des troupes de Suja-Dowlah, qui se trouvait en vedette, les aperçut aux premiers rayons du soleil, se hâta d’en faire donner avis à Ahmed-Shah. Celui-ci dormait profondément, son cheval tout sellé à l’entrée de sa tente : éveillé, il demande ce qui se passe, monte à cheval, et, pour reconnaître l’ennemi, s’avance à un mille environ en avant du camp. N’apercevant d’abord rien, il commençait à douter de la vérité de la nouvelle ; mais tout-à-coup l’artillerie des Mahrattes fit une décharge générale ; à ce bruit, Ahmed-Shah, qui fumait une pipe persane, se tourna du côté de Suja-Dowlah qui l’avait accompagné : « Par ma foi, dit-il, les nouvelles de votre serviteur sont bien réelles ; » puis,